[Tignes] Le barrage de Tignes et les aménagements liés

Là ou il y a le lac, à Tignes, le barrage EDF. Sous l'eau se trouve le village de Tignes. Bien avant le barrage, le village vivait paisiblement jusqu'au jour ou les habitants apprennent que le village va être détruit pour construire un barrage EDF. Jusqu'au dernier moment ils se sont battus pour garder le village mais rien que pour les faire partir, ils ont dû faire appel à des CRS et le village à quasiment été détruit et git au fond du lac .....

Les quelques vestiges du village de Tignes peuvent être admirés lorsque EDF fait la vidange du barrage. Je ne sais plus la date de la prochaine. Mais quelle horreur le sort qu'on a réservé aux Tignards à cette époque

Note de 2012: il n'y a désormais plus de vidange du lac. L'inspection se fait désormais par d'autres moyens.

Je ne vois pas l'intérêt d'une telle monstruosité, si ce n'est que ça fabrique de l'électricité.
En plus j'en ai une peur bleu, c'est serieux.
Certains barrages sont assez bien integrés dans le paysage, mais celui ci est vraiment moche.
Et puis en plus ça aurait permis de garder un peu de beauté dans le paysage, un village en moins quelle catastrophe, et ça aurait servi de porte d'entrée au domaine et d'oxygéner Tignes avec quelques pistes en forêt.
Mais je rêve toujours de voir ce barrage détruit, ainsi que tous ceux qui sont à des altitudes élevées.

J'espère que j'ai été compréhensible.

J'y vais aussi de mon petit conseil :
le livre de Brigitte Alzieu et Eveline Alzieu-Martin - Tignes Autrefois, ou le Voyage A Tignes, qui raconte la construction du barrage, mais qui surtout explique que c'est bien plus qu'un village qu'on a détruit, mais toute une communauté double millénaire. C'est vraiment un bouquin intéressant, qui parle comment le village s'est construit, comment ses habitants survivaient aux hivers d'isolation, comment le commerce et le tourisme ont commencé à naitre, jusqu'à la construction de la station au lac.

C'est fou quand on sait que la "Société lyonnaise des forces motrices du Rhône (SLFMR)" puis "EDF" après la nationalisation d'après guerre ont longuement hésité à l'époque entre noyer Tignes ou noyer Val d'Isère (le barrage aurait été au niveau du verrou de la Daille). Cependant, l'avance prise par Val d'Isère en matière de sports d'hiver ainsi que le manque de stabilité des roches du verrou de la Daille ont été déterminants dans le choix de Tignes pour la construction du barrage. Quand on voit la réussite de Val d'Isère aujourd'hui (consécration avec les mondiaux de 2009), on a du mal à imaginer que Val fût choisi pour la construction du barrage...
En tous les cas, à chaque fois que je lis un article sur la construction du barrage et que je pense à tous ces Tignards qui furent humiliés par l'Etat Français de l'époque cela me fait mal au coeur : j'imagine le traumatisme pour les anciens tous les 10 ans quand est vidé le barrage...
Ce serait beau que ce barrage soit détruit et qu'un ancien Tignard puisse voir cela avant sa mort mais ne rêvons pas trop surtout avec la crise du pétrole...

C'est vrai qu'en passant les gorges qui permettent d'arriver à val d'isère, je me suis toujours dis que c'était un "bon" endroit pour faire un barrage. La gorge est très étroite et remonte très haut. Du coup, a première vue, il y avait moyen de faire un barrage a cet endroit plus simplement que l'actuel.

Par contre, deux incovénients : le bassin de val d'isère est bien plus étroit que le bassin actuel qui contient le lac. Du coup pour retenir un meme volume, il aurait fallu un barrage plus haut. De plus il aurait été moins bien alimenté car les rivières qui descendent de Tignes-le-lac et du barrage de la Sassière n'alimenteraientt pas naturellement la retenue.

Note de 2012: c'est surtout le moins bon ancrage géologique de la Daille qui a orienté très tôt le choix vers Tignes

Je crois qu'il y avait également un problème géologique à Val d'isère... La roche n'était pas suffisamment solide pour soutenir une telle structure.

Au delà de l'energie qu'il produit, je pense que le barrage permet d'éviter tout risque d'inondation à la fonte des neiges pour le reste de la vallée. Donc les chances pour une destruction sont proches du néant, à moins qu'al quaida apprenne son existence

Note 2012: par ailleurs le barrage à un rôle de régulation sur tout le cours de l'Isère, dont les centrales situées plus en aval, comme Pomblières. Ce rôle est même majeur en basse vallée du Rhône: il permet de conserver un certain débit au Rhône, en été notamment.

l'ultimatum aux derniers Tignards!

La projection du futur barrage et du futur lac du Chevril en 1944!

Descente à skis sur l'ancien village de Tignes (noyé aujourd'hui).

Evolution de la construction du barrage à un an d'intervalle.

Encore des photos et des articles très intéressants sur les liens suivants :
http://tignes.ifrance.com/histoire.htm
http://www.rolandguerre.org/Tignes_Histoire.html
http://pierre.gidon.free.fr/compare-images/tignes/index.html
http://www.sabaudia.org/v2/ville.php?arond=&id=315&let=t
http://www.sabaudia.org/v2/archivescommunales/eglises/eglise-tignes.php

j'ai retrouvé chez moi un magazine : Alpes Loisirs de janvier, février, mars 1999
avec un dossier très complet sur : "Tignes, mémoire d'un village englouti"
en gras en-dessous des photos : la légende du magazine.

et comme je suis très généreux je vous ai scanné les photos qui sont très intéressantes

la 1ère :
une vue d'ensemble de l'ancien village de Tignes

Légende : Ici la vallée se resserre tellement que les rocs semblent se toucher. L'endroit idéal pour la construction d'un barrage qui doit engloutir sous 235 millons de mètres cubes d'eau , Tignes, chef lieu, ainsi que différents hameaux comme Ronnaz, Villarstrassiaz, L'Illaz, La Chaudane ou le Grand Prè.
d'autres locailités comme Le Chevril, Le Villaret, Le Franchet, La Reculaz,
Le villaret-du-Nial, Le Villaret-des-Brévières et Les Boisses seront épargnées.

Face à la noyade annoncée du village, le clan des vrais "Tignards" organise la rébellion. La tension est à son comble et de nombreux sabotages ont lieu. Les cités ouvrières brûlent, les transformateurs sont dynamités et les échafaudages catapultés.

on peut voir écrit sur le mur :" Nous ne partirons pas"

Le dernier Angelus


Après un dernier baroud d'honneur , les Tignards cèdent devant la force. Les cloches sont descendues puis fondues car, dans un mois l'eau sera là.
Après la destruction de l'église, un habitant déclare:"le clocher s'est abîmé comme un grand arbre qui tombe sous la hache d'un bucheron."

sur les trois photos de droite, on voit un villageois qui lit l'avis (cf plus photo de triffolet) et qui l'arrache du mur avant de le brûler.

La mise en eau

Le 15 juin 1952, toute la cuvette de Tignes est remplie. Sur les 87 familles, une quinzaine seulement s'installe dans les autres hameaux de Tignes.
Sous le lac artificiel, d'une superficie totale de 270 hectares et d'une profondeur de 120 mètres , étaient bâties 101 maisons d'habitation, 50 granges, 9 hôtels au milieu d'hectares de bois, de landes et de rocs.
Au fond : Val d'Isère.
Au premier plan : les cités ouvrières accolées à l'ouvrage terminé, aujourd'hui recouvert de la plus grande fresque du monde. (Le Géant)

voilà pour les derniers mois du village de Tignes.

Toujours extrait de Alpes Loisirs de janvier, février, mars 1999,
une photo de Gisèle Freund (née à Berlin en 1908) elle a séjourné à Tignes peu de temps avant la construction du barrage. Son grand-père était cordonnier du village. Elle aimait photographier les Tignards dans leur quotidien.

Ici l'un des premiers skieurs.

Tignes n'est pas encore une station de sports d'hiver, mais déjà les villageois s'essaient à la pratique du ski


Je peux mettre plus de photos du quotidien si vous voulez ^^

hellrider a écrit:
je peux mettre plus de photo du quotidien si vous voulez ^^

Perso, je veux bien Hellrider!!!
Sinon très intéressantes ces photos!

je finirai de scanner tout ça mercredi, je pense ! et oui les cours reprennent et j'aurai un petit peu moins de temps !

Caractéristiques du barrage de Tignes :
(Source : Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, 15/10/2001) / Tignes la naissance d'un géant par Denis Varashin, fondation FACIM. Édition de 2011

-Localisation :

Département : 73
Rivière : Isère

-Intervenants :

Maître d'ouvrage : EDF/UP Alpes
Service chargé du contrôle : DRIRE Rhône-Alpes

-Construction :

Années de construction : 1948-1952
Mise en service : 1952
Inauguration : le 4 juillet 1953 par le Président de la République Vincent Auriol.

-Description :

Type de barrage : voûte épaisse en béton
Nature des fondations : quartzites

-Caractéristiques :

Hauteur sur TN : 160,00 m
Hauteur maximum sur fond de gorge : 180,60 m
Longueur en crête : 296,00 m
Altitude de la crête : 1 792,00 NGF
Altitude de la RN : 1 790,00 NGF
Altitude des PHE : 1 791,00 NGF
Epaisseur en crête : 10,00 m
Epaisseur à la base en clé : 43,57 m
Fruit amont : 0
Fruit aval : variable
Volume du barrage : 632 000 m3

-Hydrologie :

Surface du bassin versant : 171,00 km2
Surface de la retenue (à RN) : 2,74 km2
Volume de la retenue (à RN) : 230 millions de m3
Débit de prise : 50 m3/s
Débit d'évacuation des crues : 280 m3/s
Débit de vidange : 230 m3/s
Evacuation des crues : 2 vannes papillon de fond
Vidange : idem que pour l'évacuation des crues

En liaison avec le barrage...

Pour alimenter les usines électriques de Val d'Isère et des Brévières, EDF a creusé des galeries souterraines permettant (outre la production du bassin versant de la haute-Tarentaise) de récupérer les eaux de l'Arc au niveau de l'Écot (galerie Écot-dans-Tignes). La galerie passe au nord de Bonneval-sur-Arc et récupère les eaux descendant du glacier des Roches au niveau de la prise d'eau des Roches. Elle passe ensuite à l'aplomb du Pélaou Blanc pour ressortir aux prises d'eau du Manchet où elle collecte les eaux de la Calabourdane et du ruisseau du Charvet. Elle se dirige ensuite vers le nord sous les rochers du Charvet et de Bellevarde, pour ressortir au niveau de l'usine électrique de Val d'Isère et alimenter ensuite le lac artificiel de Tignes.
De la même manière une galerie permet de dériver les eaux du Ponturin (à l'ouest du Mont Pourri) dans le lac de Tignes.
Enfin, des galeries permettent de capter les eaux du ruisseau de la Sassière (au niveau du barrage du Saut) et celles du nant Cruet pour alimenter la chute d'eau artificielle du Chevril.