[Tignes]L'avenir du glacier de Grande-Motte
+26
Benjamin07
Val76
steve_winwood
cwis
azertyuiop16
Nico
Skicrosseur10
PGP
snowboarder
lechamoniard
Obsédédeski
Hans
pissaillas
luccio
jm
Charles
Marmotta
groom39
David 74
Leffaceur
Moot
raph
Loic
tricsli
triffolet
nrfb
30 participants
Tignes, Val d'Isère, La Rosière de Montvalezan, Sainte-Foy-Tarentaise :: Là-haut : domaines skiables, vie locale et histoire :: Vie locale
Page 1 sur 6
Page 1 sur 6 • 1, 2, 3, 4, 5, 6
[Tignes]L'avenir du glacier de Grande-Motte
Je place ici l'interview de J L Tuaillon réalisée l'an dernier et tellement pertinente... Bonne lecture.
Jean Louis TUAILLON, Directeur du Service des Pistes à Tignes, nous a accueilli le 8 août 2005 pour nous parler de l'accélération de la fonte des glaciers en général et à Tignes en particulier, et des conséquences pour le ski d'été à Tignes... les photos prises trois jours plus tôt, le 5, montrent un glacier bien dégarni de neige, plutôt triste, avec quelques touristes qui cherchaient encore un coin un peu enneigé pour glisser. Les équipes de ski, quant à elles, se débrouillaient comme elles pouvaient…
Le 8, malgré la fermeture du glacier à cause du vent fort, un petit tour en dameuse avant la réunion à Tignes le Lac. Les temperatures ont baissé, donnant l'impression d'un glacier bien blanchi à la première heure, mais une impression qui n'a pas duré longtemps avec l'arrivée du soleil...
PG : Merci de m'avoir permis de faire le tour, malgré la fermeture du glacier à cause du vent…
JLT : Ca fait partie des impondérables de notre métier. Je dis souvent qu'on fait un métier de paysans, c'est la météo qui compte, que ce soit pour la neige, pour la chaleur, pour le vent, pour autre chose…
PG : Surtout qu'après ce qui s'est passé l'année dernière. Y a-t-il des changements dans la réglementation au niveau des remontées ?
JLT : Il n'y a pas de changement dans la réglementation. Il doit y avoir, mais là j'y vais sur la pointe des pieds parce que la c'est la STGM, des consignes d'exploitation avec ralentissement systématique aux pylônes, un peu plus fortes par temps de vent, mais je ne sais pas exactement. Pour les remontées mécaniques il faudrait plutôt demander à la STGM. Ça, c'est au niveau de l'exploitation, l'exploitation des remontées.
Moi j'ai sorti ces deux documents, qui sont des documents du laboratoire de glaciologie. Sur le glacier, ce qui est inquiétant, c'est que la variation de volume entre 1982 et 2000 équivaut à une lap d'eau de 9.90m donc on a perdu 9.90m d'équivalent en eau, ce qui fait un peu plus de 10m de glace entre 82 et 2000. Sur l'année hydrologique 2003-2004, moins 2.15m. Il avait perdu 2.60m l'année précédente. Alors 9.90 plus 2.15 plus 2.60 plus là-dedans l'année 2001/2002, on est à peu près en 25 ans, à une vingtaine de mètres en moins.
PG : Et ça s'accélère ?
JLT : Et l'accélération a été plus forte ces 2 dernières années. L'accélération s'explique par plusieurs choses d'abord les conditions météorologiques, climatiques (la température extérieure) ; puis l'augmentation au niveau du glacier de zones chaudes comme des rochers qui commencent à sortir, et de zones salies parce qu'avec la fonte c'est parfois des siècles de salissures, de poussières amenées par le vent, par le sirocco, qui font que quand tout ça est en surface, ça diminue la blancheur du glacier en quelque sorte, ce qui diminue le renvoi des rayons solaires qu'ils soient UV ou toutes sortes de rayons, c'est ce qu'on appelle « l'albedo » et par le fait que ça réfléchisse moins bien la lumière et la chaleur du soleil, ça font plus. Tous les paysans du coin savent que s'ils veulent faire fondre la neige au printemps, ils doivent mettre de la cendre bien noire devant chez eux.
Donc il y a tous ces facteurs qui sont plus ou moins aggravants alors on essaie que l'intervention humaine n'ait pas de conséquences aggravantes si on peut ; encore qu'il est clair que la pollution liée aux chenillettes et tout ça, et tous les mégots que les gens jettent s'additionnent quand même. C'est pas nul, c'est pas nul ! On essaie de trouver des astuces pour damer l'hiver plus systématiquement, de faire des pièges à vent, on dame en hors piste pour qu'en cas de vent transversal, ça remplisse les trous plutôt que ça arrache toute la neige. Bon, on n'est pas à l'échelle. On a aussi le projet de monter avec de la neige de culture sur le glacier mais c'est pareil, on n'est pas fous, on ne gagnera pas contre le soleil, ou alors il nous faut le lac du Chevril et puis une centrale nucléaire à côté des canons à neige ; mais ce n'est pas ce qu'on veut faire. Par contre ce qu'on souhaite c'est éventuellement prolonger de 2 ou 3 semaines sur un ou deux secteurs stratégiques, des passages clés, en créant un gros paquet de neige en hiver.
PG : Je croyais que les projets d'enneigement artificiel étaient déjà en route depuis un moment ? A Val d'Isère…
JLT : A Val d'Isère ils ont déjà commencé l'enneigement artificiel. Ils sont allés plus vite que nous pour installer sur l'Iseran, je crois qu'ils veulent en faire plus, qu'ils veulent vraiment… je dis pas recréer un glacier, mais... Nous on pense qu'on y arrivera pas mais on va faire des rustines à certains endroits importants, des endroits de liaison, des endroits qui descendent sur le Snow Park ou autre. Car le glacier comme il se rétrécit, en diminuant, on arrive à le voir coupé en deux par des présences de rochers ou de choses comme ça. A partir du moment où la partie aval est séparée de sa partie d'alimentation en amont, elle va fondre beaucoup plus vite. J'ai quelques photos assez représentatives…Il est évident que tout ça recule à grande vitesse.
PG : Je sais que ça varie… mais quelle est la profondeur moyenne du glacier ?
JLT : Il y a de 30 à 80 mètres de glace. Ça, c'est en été 56, vous voyez que le bas du glacier était au sommet de la barre rocheuse, au-dessus de la combe. En septembre 75, on faisait du ski, des courses de bosses, il y avait aussi quasiment un glacier sous l'arrivée du Panoramic. En octobre 86, le bas est déjà terriblement fondu, sous le Panoramic il y a encore un peu de glace. En 92 il n'y a plus tellement de neige, on voit des rochers qui apparaissent ici (autour du Panoramic). C'est là qu'on a le risque de voir sa partie avale coupée de sa partie d'alimentation, ce qui aggravera forcément les phénomènes de fonte. Le stock de frigories représenté par un ensemble cohérent résiste mieux à la fonte que quand il est décousu et que des rochers apparaissent. Alors vous voyez, en août 86, cette barre rocheuse dépassait un petit peu à droite et un petit peu à gauche, et le glacier venait dessus. Maintenant, regardez, encore une zone de fracture entre l'amont et l'aval. En 85, on pouvait encore garer les chenillettes en haut.
Donc on est inquiets. Après-demain on a une réunion on monte tous là haut non pas en procession pour faire neiger comme ça se passait il y a 150 ans, 1850, à Chamonix ils ont fait monter l'évêque de Sallanches pour faire reculer le diable qui était le glacier qui déferlait sur Argentière. Ca a tellement bien marché que ça continue toujours ! Il y a eu ce qu'on appelle le petit âge glaciaire, qui est en gros 15 300 ans où il y a eu vraiment un e progression des glaciers dans toutes les Alpes. Et puis depuis 1850, les glaciers ont une forte tendance à reculer, et l'activité humaine et le réchauffement de la planète dont on entend parler bien au-delà de Tignes avec des conséquences certainement bien plus graves dans beaucoup de cas…
PG : Le changement climatique n'est donc plus tellement en doute pour vous…
JLT : On est bien conscients des risques, c'est pour çà que j'ai fait ce montage, j'en ai parlé au conseil municipal. Alors on a quand même des données incontestables scientifiquement parlant grâce aux études sur le glacier lui-même.
PG : Sinon, pour les installations de canons à neige, il n'y a pas de projet précis ?
JLT : On remonte cette année en bas de la face, c'est-à-dire au pied du glacier, ce qui n'a pas grand intérêt pour le ski d'été, mais c'est pour essayer de nous mettre un peu de confort pour le ski d'hiver et de fin de saison de printemps. Et ensuite il n'y a pas de date précise pour remonter plus haut sur le glacier. Mais je pense que la réunion d'après-demain avec mairie, STGM, etc… va sans doute un peu précipiter les choses.
Depuis le 14 juillet, le glacier est en mauvais état, comme il est les autres années fin août début septembre. Ça nous fait quand même un mois pendant lequel il y a beaucoup de monde, du 14 juillet au 15 août, où le glacier est en mauvais état. Donc vouloir refaire un glacier, on n'est pas fous, on n'y arrivera pas. Gagner trois semaines voire un mois si on a un peu de chance, sur la neige car la neige qu'on fabrique artificiellement est un peu plus dense, un peu plus propre, font moins vite et on peut en faire des plus grosses quantités, c'est pas déraisonnable.
PG : Sans ça, au mois d'août, ça risque de ne pas être praticable bientôt ?
JLT : Sans ça, on serait obligés de fermer à terme le glacier à des périodes où les gens sont en vacances, c'est-à-dire où on a un potentiel de fréquentation intéressant. On devrait fermer mi-fin juillet, ce qui pour la saison d'été à Tignes serait catastrophique. Parce qu'il y a un ensemble d'animation à Tignes, le vélo tout terrain se développe bien, il y a le golf etc, mais s'il n'y avait pas aussi le ski d'été, tout le monde est bien conscient que ça serait plus difficile.
PG : Et en comparaison avec les autres glaciers, 2 Alpes par exemple ? Eux ils ont eu un peu plus de neige cet hiver, je crois ?
JLT : Aux 2 Alpes, ils ont eu un petit peu plus de neige, ils ont surtout une orientation par rapport au soleil qui est un peu plus favorable. Nous, on a un glacier qui est au soleil à 5 heures du matin en plein été. Au mois de juin, à 5 heures du matin, c'est plein cagnard déjà sur la partie où on va skier. C'est plein est et c'est quasiment un handicap.
Il y a deux choses pour l'alimentation des glaciers, il y a les chutes de neige de l'hiver et le conditions météo de l'été. Tout le monde est d'accord pour dire qu'on va vers un réchauffement de l'atmosphère. Aujourd'hui il y a beaucoup de désaccord sur les conséquences, jusqu'à ceux qui vont dire que le Gulf Stream va s'inverser etc. On en est pas là, on va essayer de rester à une échelle de 10-15 ans raisonnablement envisageables. Sur les conséquences, beaucoup prévoient un accroissement des précipitations, de la violence des précipitations.
Pour nous, égoïstement, ce qui compte, c'est la limite pluie-neige et la date à laquelle ça se passe. S'il pleut à 2000 mètres au mois de janvier, ça devient embêtant… mais plus pour Villard de Lans encore que pour Tignes. S'il pleut beaucoup ou s'il neige beaucoup en hiver, on va connaître des périodes avec des phénomènes avalancheux et des problèmes de sécurité sur les routes etc. Donc dans les conséquences raisonnablement envisageables, on ne maîtrise déjà pas tout.
PG : On dit aussi qu'il y aura de plus en plus de vent avec les changements climatiques…
JLT : Toutes les théories ont été faites à situation météorologique constante, en ne faisant varier que la variable température. On a eu l'habitude d'avoir chez nous du mauvais temps qui arrive par l'ouest nord-ouest, pendant de nombreuses années, c'est ça qui nous amenait de la neige. On a eu la chance d'avoir des petits débordements ce qu'on appelle le Foehn qui venait plutôt du sud ouest, qui de temps en temps amenait de la neige alors qu'aux Arcs il n'y a que du vent chaud. Ici il y a 60cm de neige au Mont Cenis, 40 au Fornet au fond de Val d'Isère, 20 à Tovière et 0 là. Il semblerait que depuis quelques années les phénomènes de sud ouest deviennent de plus en plus fréquents, plus dominants que les phénomènes classiques nord ouest. Ca, c'est de l'observation quasi empirique. Les météorologues sont d'accord avec nous, mais ils n'aiment pas publier des chiffres car les séries sont très courtes et eux ce qu'ils aiment c'est des bonnes séries de 25 ans minimum. Il y a toutes ces contradictions qu'il faut assumer pour notre métier de paysans tournés vers le ciel et puis voilà.
PG : Vous êtes donc très inquiet …
JLT : C'est inquiétant, mais pas dramatique. Mais il est vrai qu'il faut se préoccuper de l'avenir et essayer d'envisager des solutions, essayer de piéger encore plus de neige en hiver avec des barrières à neige etc. Mais il arrive un moment où c'est une question d'échelle.
PG : La piste de descente ?
JLT : La piste de descente, on l'ouvre en général à la réouverture d'octobre. Il y a deux aspects, l'aspect technique pour préparer la piste, ce qui nous oblige à descendre avec la pelle mécanique pour boucher les crevasses etc, puis il y a l'aspect sécurité piste de descente. Une compétition de descente ce n'est pas anodin. Il n'est pas impossible qu'on l'ouvre aux clients en piste de ski, parce que c'est vrai qu'on est un peu plus face nord, mais pas complètement face nord. Vous avez vu les conditions qu'il faisait aujourd'hui, on peut dorénavant, à tout moment, avoir des chutes de neige. Il faudrait juste qu'on ait un peu de chance. Il n'y a pas de raison qu'on ait que des malchances ! Mais c'est vrai qu'à partir de septembre s'il y a des précipitations là haut, normalement c'est de la neige au-dessus de 3000m, en tous cas il y a de fortes probabilités pour qu'il y ait à nouveau de la neige et que ça devienne à nouveau à peu près skiable. Maintenant dans les photos que je vous ai montré il y en a d'octobre 86, où il n'y avait pas eu un pet de neige en octobre, ça existe aussi.
PG : Il n'y a pas eu d'occasion où le glacier n'a pas pu ouvrir au mois d'octobre ?
JLT : A ma connaissance (mais je suis assez récent ici), ça ne s'est jamais passé. Mais regardez, les traces de ski de fond sculptées dans la glace. Vous savez, notre concurrent pour les entraînements de slalom, c'est le ski dôme en Belgique. Les ski clubs partent là-bas, ils ne sont pas embêtés par le vent, il ne fait pas trop chaud, il ne fait pas trop froid, il y a toujours de quoi faire du slalom, de la bonne neige de coupe du monde bien dure comme il faut pour apprendre à skier aujourd'hui, et ça leur va très bien.
Et notre ski d'été, c'était souvent pour s'entraîner au slalom, au géant. Bon la descente ils ne la feront pas sous ski dôme, mais l'entraînement slalom ne leur pose aucun problème.
PG : Mais les équipes, si les étés sont comme ça, on va les voir plutôt partir vers d'autres glaciers ?
JLT : Oui mais quels autres glaciers ? Parce que je ne suis pas sur qu'ils se portent beaucoup mieux. J'ai des photos de Saas Fe, ils sont aussi bien embêtés. Aujourd'hui, ils sont mieux que nous mais c'est difficile. A Saas Fe ils sont encore plus directifs. S'il n'a pas gelé ils n'ouvrent pas.
Jean Louis TUAILLON, Directeur du Service des Pistes à Tignes, nous a accueilli le 8 août 2005 pour nous parler de l'accélération de la fonte des glaciers en général et à Tignes en particulier, et des conséquences pour le ski d'été à Tignes... les photos prises trois jours plus tôt, le 5, montrent un glacier bien dégarni de neige, plutôt triste, avec quelques touristes qui cherchaient encore un coin un peu enneigé pour glisser. Les équipes de ski, quant à elles, se débrouillaient comme elles pouvaient…
Le 8, malgré la fermeture du glacier à cause du vent fort, un petit tour en dameuse avant la réunion à Tignes le Lac. Les temperatures ont baissé, donnant l'impression d'un glacier bien blanchi à la première heure, mais une impression qui n'a pas duré longtemps avec l'arrivée du soleil...
PG : Merci de m'avoir permis de faire le tour, malgré la fermeture du glacier à cause du vent…
JLT : Ca fait partie des impondérables de notre métier. Je dis souvent qu'on fait un métier de paysans, c'est la météo qui compte, que ce soit pour la neige, pour la chaleur, pour le vent, pour autre chose…
PG : Surtout qu'après ce qui s'est passé l'année dernière. Y a-t-il des changements dans la réglementation au niveau des remontées ?
JLT : Il n'y a pas de changement dans la réglementation. Il doit y avoir, mais là j'y vais sur la pointe des pieds parce que la c'est la STGM, des consignes d'exploitation avec ralentissement systématique aux pylônes, un peu plus fortes par temps de vent, mais je ne sais pas exactement. Pour les remontées mécaniques il faudrait plutôt demander à la STGM. Ça, c'est au niveau de l'exploitation, l'exploitation des remontées.
Moi j'ai sorti ces deux documents, qui sont des documents du laboratoire de glaciologie. Sur le glacier, ce qui est inquiétant, c'est que la variation de volume entre 1982 et 2000 équivaut à une lap d'eau de 9.90m donc on a perdu 9.90m d'équivalent en eau, ce qui fait un peu plus de 10m de glace entre 82 et 2000. Sur l'année hydrologique 2003-2004, moins 2.15m. Il avait perdu 2.60m l'année précédente. Alors 9.90 plus 2.15 plus 2.60 plus là-dedans l'année 2001/2002, on est à peu près en 25 ans, à une vingtaine de mètres en moins.
PG : Et ça s'accélère ?
JLT : Et l'accélération a été plus forte ces 2 dernières années. L'accélération s'explique par plusieurs choses d'abord les conditions météorologiques, climatiques (la température extérieure) ; puis l'augmentation au niveau du glacier de zones chaudes comme des rochers qui commencent à sortir, et de zones salies parce qu'avec la fonte c'est parfois des siècles de salissures, de poussières amenées par le vent, par le sirocco, qui font que quand tout ça est en surface, ça diminue la blancheur du glacier en quelque sorte, ce qui diminue le renvoi des rayons solaires qu'ils soient UV ou toutes sortes de rayons, c'est ce qu'on appelle « l'albedo » et par le fait que ça réfléchisse moins bien la lumière et la chaleur du soleil, ça font plus. Tous les paysans du coin savent que s'ils veulent faire fondre la neige au printemps, ils doivent mettre de la cendre bien noire devant chez eux.
Donc il y a tous ces facteurs qui sont plus ou moins aggravants alors on essaie que l'intervention humaine n'ait pas de conséquences aggravantes si on peut ; encore qu'il est clair que la pollution liée aux chenillettes et tout ça, et tous les mégots que les gens jettent s'additionnent quand même. C'est pas nul, c'est pas nul ! On essaie de trouver des astuces pour damer l'hiver plus systématiquement, de faire des pièges à vent, on dame en hors piste pour qu'en cas de vent transversal, ça remplisse les trous plutôt que ça arrache toute la neige. Bon, on n'est pas à l'échelle. On a aussi le projet de monter avec de la neige de culture sur le glacier mais c'est pareil, on n'est pas fous, on ne gagnera pas contre le soleil, ou alors il nous faut le lac du Chevril et puis une centrale nucléaire à côté des canons à neige ; mais ce n'est pas ce qu'on veut faire. Par contre ce qu'on souhaite c'est éventuellement prolonger de 2 ou 3 semaines sur un ou deux secteurs stratégiques, des passages clés, en créant un gros paquet de neige en hiver.
PG : Je croyais que les projets d'enneigement artificiel étaient déjà en route depuis un moment ? A Val d'Isère…
JLT : A Val d'Isère ils ont déjà commencé l'enneigement artificiel. Ils sont allés plus vite que nous pour installer sur l'Iseran, je crois qu'ils veulent en faire plus, qu'ils veulent vraiment… je dis pas recréer un glacier, mais... Nous on pense qu'on y arrivera pas mais on va faire des rustines à certains endroits importants, des endroits de liaison, des endroits qui descendent sur le Snow Park ou autre. Car le glacier comme il se rétrécit, en diminuant, on arrive à le voir coupé en deux par des présences de rochers ou de choses comme ça. A partir du moment où la partie aval est séparée de sa partie d'alimentation en amont, elle va fondre beaucoup plus vite. J'ai quelques photos assez représentatives…Il est évident que tout ça recule à grande vitesse.
PG : Je sais que ça varie… mais quelle est la profondeur moyenne du glacier ?
JLT : Il y a de 30 à 80 mètres de glace. Ça, c'est en été 56, vous voyez que le bas du glacier était au sommet de la barre rocheuse, au-dessus de la combe. En septembre 75, on faisait du ski, des courses de bosses, il y avait aussi quasiment un glacier sous l'arrivée du Panoramic. En octobre 86, le bas est déjà terriblement fondu, sous le Panoramic il y a encore un peu de glace. En 92 il n'y a plus tellement de neige, on voit des rochers qui apparaissent ici (autour du Panoramic). C'est là qu'on a le risque de voir sa partie avale coupée de sa partie d'alimentation, ce qui aggravera forcément les phénomènes de fonte. Le stock de frigories représenté par un ensemble cohérent résiste mieux à la fonte que quand il est décousu et que des rochers apparaissent. Alors vous voyez, en août 86, cette barre rocheuse dépassait un petit peu à droite et un petit peu à gauche, et le glacier venait dessus. Maintenant, regardez, encore une zone de fracture entre l'amont et l'aval. En 85, on pouvait encore garer les chenillettes en haut.
Donc on est inquiets. Après-demain on a une réunion on monte tous là haut non pas en procession pour faire neiger comme ça se passait il y a 150 ans, 1850, à Chamonix ils ont fait monter l'évêque de Sallanches pour faire reculer le diable qui était le glacier qui déferlait sur Argentière. Ca a tellement bien marché que ça continue toujours ! Il y a eu ce qu'on appelle le petit âge glaciaire, qui est en gros 15 300 ans où il y a eu vraiment un e progression des glaciers dans toutes les Alpes. Et puis depuis 1850, les glaciers ont une forte tendance à reculer, et l'activité humaine et le réchauffement de la planète dont on entend parler bien au-delà de Tignes avec des conséquences certainement bien plus graves dans beaucoup de cas…
PG : Le changement climatique n'est donc plus tellement en doute pour vous…
JLT : On est bien conscients des risques, c'est pour çà que j'ai fait ce montage, j'en ai parlé au conseil municipal. Alors on a quand même des données incontestables scientifiquement parlant grâce aux études sur le glacier lui-même.
PG : Sinon, pour les installations de canons à neige, il n'y a pas de projet précis ?
JLT : On remonte cette année en bas de la face, c'est-à-dire au pied du glacier, ce qui n'a pas grand intérêt pour le ski d'été, mais c'est pour essayer de nous mettre un peu de confort pour le ski d'hiver et de fin de saison de printemps. Et ensuite il n'y a pas de date précise pour remonter plus haut sur le glacier. Mais je pense que la réunion d'après-demain avec mairie, STGM, etc… va sans doute un peu précipiter les choses.
Depuis le 14 juillet, le glacier est en mauvais état, comme il est les autres années fin août début septembre. Ça nous fait quand même un mois pendant lequel il y a beaucoup de monde, du 14 juillet au 15 août, où le glacier est en mauvais état. Donc vouloir refaire un glacier, on n'est pas fous, on n'y arrivera pas. Gagner trois semaines voire un mois si on a un peu de chance, sur la neige car la neige qu'on fabrique artificiellement est un peu plus dense, un peu plus propre, font moins vite et on peut en faire des plus grosses quantités, c'est pas déraisonnable.
PG : Sans ça, au mois d'août, ça risque de ne pas être praticable bientôt ?
JLT : Sans ça, on serait obligés de fermer à terme le glacier à des périodes où les gens sont en vacances, c'est-à-dire où on a un potentiel de fréquentation intéressant. On devrait fermer mi-fin juillet, ce qui pour la saison d'été à Tignes serait catastrophique. Parce qu'il y a un ensemble d'animation à Tignes, le vélo tout terrain se développe bien, il y a le golf etc, mais s'il n'y avait pas aussi le ski d'été, tout le monde est bien conscient que ça serait plus difficile.
PG : Et en comparaison avec les autres glaciers, 2 Alpes par exemple ? Eux ils ont eu un peu plus de neige cet hiver, je crois ?
JLT : Aux 2 Alpes, ils ont eu un petit peu plus de neige, ils ont surtout une orientation par rapport au soleil qui est un peu plus favorable. Nous, on a un glacier qui est au soleil à 5 heures du matin en plein été. Au mois de juin, à 5 heures du matin, c'est plein cagnard déjà sur la partie où on va skier. C'est plein est et c'est quasiment un handicap.
Il y a deux choses pour l'alimentation des glaciers, il y a les chutes de neige de l'hiver et le conditions météo de l'été. Tout le monde est d'accord pour dire qu'on va vers un réchauffement de l'atmosphère. Aujourd'hui il y a beaucoup de désaccord sur les conséquences, jusqu'à ceux qui vont dire que le Gulf Stream va s'inverser etc. On en est pas là, on va essayer de rester à une échelle de 10-15 ans raisonnablement envisageables. Sur les conséquences, beaucoup prévoient un accroissement des précipitations, de la violence des précipitations.
Pour nous, égoïstement, ce qui compte, c'est la limite pluie-neige et la date à laquelle ça se passe. S'il pleut à 2000 mètres au mois de janvier, ça devient embêtant… mais plus pour Villard de Lans encore que pour Tignes. S'il pleut beaucoup ou s'il neige beaucoup en hiver, on va connaître des périodes avec des phénomènes avalancheux et des problèmes de sécurité sur les routes etc. Donc dans les conséquences raisonnablement envisageables, on ne maîtrise déjà pas tout.
PG : On dit aussi qu'il y aura de plus en plus de vent avec les changements climatiques…
JLT : Toutes les théories ont été faites à situation météorologique constante, en ne faisant varier que la variable température. On a eu l'habitude d'avoir chez nous du mauvais temps qui arrive par l'ouest nord-ouest, pendant de nombreuses années, c'est ça qui nous amenait de la neige. On a eu la chance d'avoir des petits débordements ce qu'on appelle le Foehn qui venait plutôt du sud ouest, qui de temps en temps amenait de la neige alors qu'aux Arcs il n'y a que du vent chaud. Ici il y a 60cm de neige au Mont Cenis, 40 au Fornet au fond de Val d'Isère, 20 à Tovière et 0 là. Il semblerait que depuis quelques années les phénomènes de sud ouest deviennent de plus en plus fréquents, plus dominants que les phénomènes classiques nord ouest. Ca, c'est de l'observation quasi empirique. Les météorologues sont d'accord avec nous, mais ils n'aiment pas publier des chiffres car les séries sont très courtes et eux ce qu'ils aiment c'est des bonnes séries de 25 ans minimum. Il y a toutes ces contradictions qu'il faut assumer pour notre métier de paysans tournés vers le ciel et puis voilà.
PG : Vous êtes donc très inquiet …
JLT : C'est inquiétant, mais pas dramatique. Mais il est vrai qu'il faut se préoccuper de l'avenir et essayer d'envisager des solutions, essayer de piéger encore plus de neige en hiver avec des barrières à neige etc. Mais il arrive un moment où c'est une question d'échelle.
PG : La piste de descente ?
JLT : La piste de descente, on l'ouvre en général à la réouverture d'octobre. Il y a deux aspects, l'aspect technique pour préparer la piste, ce qui nous oblige à descendre avec la pelle mécanique pour boucher les crevasses etc, puis il y a l'aspect sécurité piste de descente. Une compétition de descente ce n'est pas anodin. Il n'est pas impossible qu'on l'ouvre aux clients en piste de ski, parce que c'est vrai qu'on est un peu plus face nord, mais pas complètement face nord. Vous avez vu les conditions qu'il faisait aujourd'hui, on peut dorénavant, à tout moment, avoir des chutes de neige. Il faudrait juste qu'on ait un peu de chance. Il n'y a pas de raison qu'on ait que des malchances ! Mais c'est vrai qu'à partir de septembre s'il y a des précipitations là haut, normalement c'est de la neige au-dessus de 3000m, en tous cas il y a de fortes probabilités pour qu'il y ait à nouveau de la neige et que ça devienne à nouveau à peu près skiable. Maintenant dans les photos que je vous ai montré il y en a d'octobre 86, où il n'y avait pas eu un pet de neige en octobre, ça existe aussi.
PG : Il n'y a pas eu d'occasion où le glacier n'a pas pu ouvrir au mois d'octobre ?
JLT : A ma connaissance (mais je suis assez récent ici), ça ne s'est jamais passé. Mais regardez, les traces de ski de fond sculptées dans la glace. Vous savez, notre concurrent pour les entraînements de slalom, c'est le ski dôme en Belgique. Les ski clubs partent là-bas, ils ne sont pas embêtés par le vent, il ne fait pas trop chaud, il ne fait pas trop froid, il y a toujours de quoi faire du slalom, de la bonne neige de coupe du monde bien dure comme il faut pour apprendre à skier aujourd'hui, et ça leur va très bien.
Et notre ski d'été, c'était souvent pour s'entraîner au slalom, au géant. Bon la descente ils ne la feront pas sous ski dôme, mais l'entraînement slalom ne leur pose aucun problème.
PG : Mais les équipes, si les étés sont comme ça, on va les voir plutôt partir vers d'autres glaciers ?
JLT : Oui mais quels autres glaciers ? Parce que je ne suis pas sur qu'ils se portent beaucoup mieux. J'ai des photos de Saas Fe, ils sont aussi bien embêtés. Aujourd'hui, ils sont mieux que nous mais c'est difficile. A Saas Fe ils sont encore plus directifs. S'il n'a pas gelé ils n'ouvrent pas.
Dernière édition par nrfb le Lun 30 Aoû - 8:50, édité 2 fois
Re: [Tignes]L'avenir du glacier de Grande-Motte
(Suite)
PG : Et la pose des bâches comme ils ont fait chez les Suisses ?
JLT : Pour les bâches, c'est pareil, c'est une question de dimension. C'est un peu comme pour les canons à neige. On va pas refaire le glacier de la Grande Motte, on va faire des rustines, pour aller à un endroit où on sait que la neige se conserve. Nous ce qu'on voudrait c'est qu'ils étudient le cas sur la grotte de glace. C'est de la bâche pour réverbérer, pour renvoyer tout ce qui peut faire fondre. On n'est pas fermés à étudier ça, mais après c'est une question de mesure.
PG : Vous disiez que le chiffre de l'été par rapport à l'hiver c'est très petit, mais au niveau du personnel que vous employez…
JLT : Egoïstement, pour la régie des pistes, l'été coûte très cher. L'été coûte très cher parce que le chiffre d'affaire des remontées mécaniques, à partir duquel est calculé la redevance que perçoit le service des pistes, l'été je crois qu'il est de 5%. Comptablement parlant, je ne devrais pas dépenser 5% de mes dépenses. En été, je dois tourner à 20, 25%. Mais je répète, ça fait partie du produit « Tignes l'été » et c'est pour ça qu'on se bagarrera pour le faire perdurer. C'est pas moi tout seul qui vais trouver le financement, la solution etc, c'est un ensemble de gens qui vont réfléchir et peut-être amener encore d'autres solutions.
Et c'est aussi le fait qu'étant une station d'été, ça attire aussi les gens pour l'hiver parce Tignes c'est la station de toute l'année.
C'était 365 jours, maintenant c'est tous les mois. Le ski d'été reste important dans la réputation de Tignes.
PG : Il y a combien d'employés l'été ?
JLT : L'été sur le glacier il y a 11 pisteurs, 11 chauffeurs de chenillette, en bas la partie administrative. Il y a plus de pisteurs aujourd'hui sur le glacier pour l'exploitation ski glacier que sur les chantiers en bas. A la régie des pistes on doit être une quarantaine l'été, dont plus de 20 sur le glacier. L'hiver on est 100.
PG : Il y a un rapport suisse qui vient de sortir, « Fluctuations des glaciers »…
JLT : … Ils sont très pessimistes. Il y a un article d'Eric Brun de Météo France sur les conséquences du réchauffement de 1° … il y a beaucoup de stations des Alpes du Sud qui sont très directement menacées. Et aujourd'hui, les spécialistes pour le siècle qui vient entre 1.5° et 5°. Si c'est 3°, les stations du Sud vont peut-être…
PG : Pourtant ils continuent à investir à des stations telles que Super Dévoluy…
JLT : Il arrive un moment où ce n'est plus une réflexion économique d'entreprise, mais de la région, des communes, des villages etc. Si on arrête le ski à Super Dévoluy, qu'est-ce qui reste ? L'observatoire du Pic de Bure et point final. Alors qu'il y a eu toute une activité économique générée, la même chose en Tarentaise Si dans 30 ans il n'y a de la neige que pour ouvrir deux mois par an, certains scénarios, 5° de réchauffement, c'est ça. La pluie au mois de janvier c'est relativement nouveau. Il y a plus de 30 ans que je suis dans la région, il y a eu des hivers sans neige, mais sur des moyennes d'hiver il y avait quand même de longues durées. C'est pas seulement des souvenirs du type moi de mon temps quand j'allais à l'école il y avait un mètre de neige parce qu'on a les jambes plus petites on a l'impression que c'était plus haut. Déjà sur l'industrie du ski il y a 30 ans si on avait parlé de canons à neige à Tignes ou à la Plagne, on passait pour un fou furieux !..
Note: Copyright © 2005 P. Garwood / MySnowSports.com
(c) http://mysnowsports.com/News/article/sid=358.html
PG : Et la pose des bâches comme ils ont fait chez les Suisses ?
JLT : Pour les bâches, c'est pareil, c'est une question de dimension. C'est un peu comme pour les canons à neige. On va pas refaire le glacier de la Grande Motte, on va faire des rustines, pour aller à un endroit où on sait que la neige se conserve. Nous ce qu'on voudrait c'est qu'ils étudient le cas sur la grotte de glace. C'est de la bâche pour réverbérer, pour renvoyer tout ce qui peut faire fondre. On n'est pas fermés à étudier ça, mais après c'est une question de mesure.
PG : Vous disiez que le chiffre de l'été par rapport à l'hiver c'est très petit, mais au niveau du personnel que vous employez…
JLT : Egoïstement, pour la régie des pistes, l'été coûte très cher. L'été coûte très cher parce que le chiffre d'affaire des remontées mécaniques, à partir duquel est calculé la redevance que perçoit le service des pistes, l'été je crois qu'il est de 5%. Comptablement parlant, je ne devrais pas dépenser 5% de mes dépenses. En été, je dois tourner à 20, 25%. Mais je répète, ça fait partie du produit « Tignes l'été » et c'est pour ça qu'on se bagarrera pour le faire perdurer. C'est pas moi tout seul qui vais trouver le financement, la solution etc, c'est un ensemble de gens qui vont réfléchir et peut-être amener encore d'autres solutions.
Et c'est aussi le fait qu'étant une station d'été, ça attire aussi les gens pour l'hiver parce Tignes c'est la station de toute l'année.
C'était 365 jours, maintenant c'est tous les mois. Le ski d'été reste important dans la réputation de Tignes.
PG : Il y a combien d'employés l'été ?
JLT : L'été sur le glacier il y a 11 pisteurs, 11 chauffeurs de chenillette, en bas la partie administrative. Il y a plus de pisteurs aujourd'hui sur le glacier pour l'exploitation ski glacier que sur les chantiers en bas. A la régie des pistes on doit être une quarantaine l'été, dont plus de 20 sur le glacier. L'hiver on est 100.
PG : Il y a un rapport suisse qui vient de sortir, « Fluctuations des glaciers »…
JLT : … Ils sont très pessimistes. Il y a un article d'Eric Brun de Météo France sur les conséquences du réchauffement de 1° … il y a beaucoup de stations des Alpes du Sud qui sont très directement menacées. Et aujourd'hui, les spécialistes pour le siècle qui vient entre 1.5° et 5°. Si c'est 3°, les stations du Sud vont peut-être…
PG : Pourtant ils continuent à investir à des stations telles que Super Dévoluy…
JLT : Il arrive un moment où ce n'est plus une réflexion économique d'entreprise, mais de la région, des communes, des villages etc. Si on arrête le ski à Super Dévoluy, qu'est-ce qui reste ? L'observatoire du Pic de Bure et point final. Alors qu'il y a eu toute une activité économique générée, la même chose en Tarentaise Si dans 30 ans il n'y a de la neige que pour ouvrir deux mois par an, certains scénarios, 5° de réchauffement, c'est ça. La pluie au mois de janvier c'est relativement nouveau. Il y a plus de 30 ans que je suis dans la région, il y a eu des hivers sans neige, mais sur des moyennes d'hiver il y avait quand même de longues durées. C'est pas seulement des souvenirs du type moi de mon temps quand j'allais à l'école il y avait un mètre de neige parce qu'on a les jambes plus petites on a l'impression que c'était plus haut. Déjà sur l'industrie du ski il y a 30 ans si on avait parlé de canons à neige à Tignes ou à la Plagne, on passait pour un fou furieux !..
Note: Copyright © 2005 P. Garwood / MySnowSports.com
(c) http://mysnowsports.com/News/article/sid=358.html
Dernière édition par nrfb le Dim 13 Avr - 10:42, édité 1 fois
Re: [Tignes]L'avenir du glacier de Grande-Motte
Très intéressant cet article!!!
Les photos de l'article sont inquiétantes...
Je me souviens avoir fait du ski d'été de 1991 à 1995 du 15 au 30 juillet grosso modo et le glacier était encore bien blanc : on decendait encore très correctement jusqu'en bas du Double Plan (je les aimais bien en plus les bosses du Double Plan!) et la Leisse était rarement fermée.
Je ne vois pas trop comment la tendance pourrait s'inverser! Je ne suis pas un spécialiste mais quand on voit le glacier du Pissaillas aujourd'hui je ne suis pas très optimiste pour Tignes pour les années qui viennent!
Les photos de l'article sont inquiétantes...
Je me souviens avoir fait du ski d'été de 1991 à 1995 du 15 au 30 juillet grosso modo et le glacier était encore bien blanc : on decendait encore très correctement jusqu'en bas du Double Plan (je les aimais bien en plus les bosses du Double Plan!) et la Leisse était rarement fermée.
Je ne vois pas trop comment la tendance pourrait s'inverser! Je ne suis pas un spécialiste mais quand on voit le glacier du Pissaillas aujourd'hui je ne suis pas très optimiste pour Tignes pour les années qui viennent!
Re: [Tignes]L'avenir du glacier de Grande-Motte
J'ai constaté dans l'article que Tricsli a scanné que la STGM avait dans l'idée de réaménager le glacier pour préserver l'activité "ski été" (déplacement de Vanoise et visiblement d'autres remontées...).
Re: [Tignes]L'avenir du glacier de Grande-Motte
pour se donner une idée du domaine skiable d'été : photo prise début aout 2005
personnellement je ne fais pas de ski d'été, le pauvre glacier a bien le droit de se reposer un peu .... et surout il y a tellement d'autres choses à faire l'été.
personnellement je ne fais pas de ski d'été, le pauvre glacier a bien le droit de se reposer un peu .... et surout il y a tellement d'autres choses à faire l'été.
tricsli- Nombre de messages : 2605
Age : 64
Localisation : Paris + Tignes
Date d'inscription : 24/01/2007
ce devrait être mieux avec la balise fermée
tricsli a écrit:pour se donner une idée du domaine skiable d'été : photo prise début aout 2005
personnellement je ne fais pas de ski d'été, le pauvre glacier a bien le droit de se reposer un peu .... et surout il y a tellement d'autres choses à faire l'été.
tricsli- Nombre de messages : 2605
Age : 64
Localisation : Paris + Tignes
Date d'inscription : 24/01/2007
Re: [Tignes]L'avenir du glacier de Grande-Motte
Je suis passé rapidement deux étés de suite à Tignes fin juillet / début août (2005 et 2006). C'est vrai que ces deux années le glacier faisait pité. Je pense que le ski d'été est viable jusqu'au 15 juillet, après ce n'est que de la glace. Dommage que la STGM n'ouvre pas son domaine que jusqu'au 15 juillet (sans interruption en mai/ juin).
Re: [Tignes]L'avenir du glacier de Grande-Motte
Je place une photo des fameux pièges à neige évoqués par JL Tuaillon dans l'interview.
La photo est prise par grand vent, et depuis l'arrivée du téléphérique. Ils sont disposés le long des pistes "Descente" et "Glacier".
Je remercie Tricsli pour m'avoir expliqué le but de ces "andains" de neige.
La photo est prise par grand vent, et depuis l'arrivée du téléphérique. Ils sont disposés le long des pistes "Descente" et "Glacier".
Je remercie Tricsli pour m'avoir expliqué le but de ces "andains" de neige.
Dernière édition par nrfb le Dim 13 Avr - 11:14, édité 1 fois
Re: [Tignes]L'avenir du glacier de Grande-Motte
Une autre vue des pièges à neige prise en Avril 2007 :
Re: [Tignes]L'avenir du glacier de Grande-Motte
Belle photo Loic.
Les pièges à neige sont concentrés à plusieurs endroits :
à droite de 3500 et à gauche de glacier
entre glacier et descente
et sur Rossolin (au-dessus de la piste de fond du glacier)
le but comme vous l'aurez compris est d'accumuler la neige entre les petits murets et d'éviter que le vent (si fréquent ces dernières années) ne la chasse
Ces pièges sont formés relativement tot en saison car il faut profiter de la moindre chute de neige.
Les pièges à neige sont concentrés à plusieurs endroits :
à droite de 3500 et à gauche de glacier
entre glacier et descente
et sur Rossolin (au-dessus de la piste de fond du glacier)
le but comme vous l'aurez compris est d'accumuler la neige entre les petits murets et d'éviter que le vent (si fréquent ces dernières années) ne la chasse
Ces pièges sont formés relativement tot en saison car il faut profiter de la moindre chute de neige.
tricsli- Nombre de messages : 2605
Age : 64
Localisation : Paris + Tignes
Date d'inscription : 24/01/2007
Re: [Tignes]L'avenir du glacier de Grande-Motte
tricsli a écrit:Belle photo Loic.
Merci Voici d'autres photos.
Préparation pour l'été le long des TK Rosolin en Avril 2006 :
Des pièges à neige se trouvent également sur la piste 3500, la photo n'est pas terrible mais on ne le voit pas depuis la piste Glacier (Avril 2007) :
Re: [Tignes]L'avenir du glacier de Grande-Motte
Qu'en est-il de l'état du glacier pour une mi avril?
De bonnes réserves de neige pour l'été? Ou faut-il déjà prévoir un mois d'aout difficile?
De bonnes réserves de neige pour l'été? Ou faut-il déjà prévoir un mois d'aout difficile?
Re: [Tignes]L'avenir du glacier de Grande-Motte
Il faudrait que je songe à demander les cumuls de neige au service des pistes... et l'évolution au cours des dernières années.raph a écrit:Qu'en est-il de l'état du glacier pour une mi avril?
De bonnes réserves de neige pour l'été? Ou faut-il déjà prévoir un mois d'aout difficile?
L'enneigement semble être plus conséquent que l'hiver dernier quand même. Le problème reste une fois de plus l'automne trop sec.
Quant à la prévision pour août, c'est difficile: un mois de canicule peut avoir des conséquences catastrophiques... Un été pas trop chaud ferait du bien aux glaciers.
Re: [Tignes]L'avenir du glacier de Grande-Motte
Je n'ai rien contre un été "pas trop chaud", en revanche, s'il pouvait y avoir un été pas trop pourri (malgré mon affection pour le Mont du même nom), je ne serais pas mécontent du tout.
Re: [Tignes]L'avenir du glacier de Grande-Motte
Quelques chiffres:
- durant l'hiver 2006-2007, 400 m de filets ont été installés pour tester le piégeage de la neige.
- durant l'hiver 2007-2008, ce sont pas moins de 1000m de filets qui ont été placés sur le glacier!
Visiblement, ces pièges fonctionnent bien, car malgré le vent tempétueux qui a souvent soufflé cet hiver, la neige a été bien retenue.
Sinon, je viens de voir que les murs de neige qui ont été pris en photo plus haut s'appellent en réalité des merlons.
(source: Tignes en toutes lettres, avril 2008)
- durant l'hiver 2006-2007, 400 m de filets ont été installés pour tester le piégeage de la neige.
- durant l'hiver 2007-2008, ce sont pas moins de 1000m de filets qui ont été placés sur le glacier!
Visiblement, ces pièges fonctionnent bien, car malgré le vent tempétueux qui a souvent soufflé cet hiver, la neige a été bien retenue.
Sinon, je viens de voir que les murs de neige qui ont été pris en photo plus haut s'appellent en réalité des merlons.
(source: Tignes en toutes lettres, avril 2008)
Re: [Tignes]L'avenir du glacier de Grande-Motte
Source "Tignes en toutes lettres":
D'après le CNRS, le glacier a perdu en moyenne 10 m d'épaisseur entre 2000 et 2007 et 21m sur les 25 dernières années.
D'après le CNRS, le glacier a perdu en moyenne 10 m d'épaisseur entre 2000 et 2007 et 21m sur les 25 dernières années.
Re: L'avenir du glacier de Grande-Motte
Pourquoi ne pas trouver une solution pour remonter la neige naturelle "propre" du réseau routier à plus de 3 000 m plutôt que de la déverser à la décharge où elle deviendra plus vite liquide et finira dans le barrage ?
Leffaceur- Nombre de messages : 5
Age : 51
Localisation : Savoie - Nomade
Date d'inscription : 27/11/2008
Re: [Tignes]L'avenir du glacier de Grande-Motte
Solution difficile quand même:
- il y a un coût pour la remonter (carburant pour d'éventuelles dameuses);
- je doute de la propreté de la neige avec des routes très salées. De plus, les pneus, de l'huile éventuelle... viennent souiller la neige.
- il y a un coût pour la remonter (carburant pour d'éventuelles dameuses);
- je doute de la propreté de la neige avec des routes très salées. De plus, les pneus, de l'huile éventuelle... viennent souiller la neige.
Re: [Tignes]L'avenir du glacier de Grande-Motte
Ca ne sert a rien de remonter de la neige. Géomorphologiquement, ce n'est pas forcément la hauteur de neige qui importe pour que le glacier se recompose car il y a le tassage, la masse glaciaire, la pression antropique liée à la neige. Tout ces facteurs sont à prendre en compte (et j'en oublie).
Cette année, les pertes glaciaires ont été limitées mais il ne faut pas oublier que le mois de Février n'a pas été bien tendre dans nos montagnes et que même en hiver, la fonte peut avoir lieu ou du moins, modifier le cycle annuel, qui en général s'étend de mi-octobre à mi-Mars.
Comme je l'avais déjà dit, je pense qu'il faudrait fermer le glacier tout l'été et l'ouvrir du 15 Septembre au 15 Juin, ce qui ferait 9 mois de ski et c'est déjà pas mal.
Cette année, les pertes glaciaires ont été limitées mais il ne faut pas oublier que le mois de Février n'a pas été bien tendre dans nos montagnes et que même en hiver, la fonte peut avoir lieu ou du moins, modifier le cycle annuel, qui en général s'étend de mi-octobre à mi-Mars.
Comme je l'avais déjà dit, je pense qu'il faudrait fermer le glacier tout l'été et l'ouvrir du 15 Septembre au 15 Juin, ce qui ferait 9 mois de ski et c'est déjà pas mal.
Dernière édition par groom39 le Sam 29 Nov - 20:01, édité 3 fois
Re: [Tignes]L'avenir du glacier de Grande-Motte
Scan de la page 10 de Tignes en toutes lettres N°29 (novembre 2008)
tricsli- Nombre de messages : 2605
Age : 64
Localisation : Paris + Tignes
Date d'inscription : 24/01/2007
Re: L'avenir du glacier de Grande-Motte
Merci Tricsli pour le scan qui vient à point.
Concernant ma réflexion sur la neige "propre", et je précisais bien propre, pourquoi ne pas imaginer des sortes de moissoneuses batteuses qui passeraient avant le chasse neige et ne récupéraient que la neige supérieure fraiche lors des fortes chutes pour la mettre dans des containers de 10 à 20 tonnes.
Les dits containers seraient ensuite acheminés au funiculaire pour remonter de 1 000 m. Certes, ceci aura un coût, mais pas plus que celui de la remontée durant toute la journée des skieurs via le funi.
Après en effet ... le problème est d'étaler vers le haut la neige avec des dameuses qui consomment du carburant.
Si on imagine une transformation du funi pour faire du transport de passagers la journée et du transport de containers adaptés la nuit on peut imaginer 50 a 60 voyages par jour de neige à remonter en altitude.
Concernant les considérations scientifiques sur la réduction du glacier, ce qui compte c'est que la quantité de neige (en masse) qui disparaisse soit compensée par celle qui tombe ou qui puisse être artificiellement rapportée.
Vus les enjeux économiques aucune solution techniquement réaliste n'est à écarter pour que Tignes reste LA station par excellence, après reste à trouver la moins coûteuse et si possible la moins impactante pour l'environnement (mais de vous à moi si on se souciait vraiment de l'écologie on ne ferait que du ski nordique et on raserait tous les TS).
Concernant ma réflexion sur la neige "propre", et je précisais bien propre, pourquoi ne pas imaginer des sortes de moissoneuses batteuses qui passeraient avant le chasse neige et ne récupéraient que la neige supérieure fraiche lors des fortes chutes pour la mettre dans des containers de 10 à 20 tonnes.
Les dits containers seraient ensuite acheminés au funiculaire pour remonter de 1 000 m. Certes, ceci aura un coût, mais pas plus que celui de la remontée durant toute la journée des skieurs via le funi.
Après en effet ... le problème est d'étaler vers le haut la neige avec des dameuses qui consomment du carburant.
Si on imagine une transformation du funi pour faire du transport de passagers la journée et du transport de containers adaptés la nuit on peut imaginer 50 a 60 voyages par jour de neige à remonter en altitude.
Concernant les considérations scientifiques sur la réduction du glacier, ce qui compte c'est que la quantité de neige (en masse) qui disparaisse soit compensée par celle qui tombe ou qui puisse être artificiellement rapportée.
Vus les enjeux économiques aucune solution techniquement réaliste n'est à écarter pour que Tignes reste LA station par excellence, après reste à trouver la moins coûteuse et si possible la moins impactante pour l'environnement (mais de vous à moi si on se souciait vraiment de l'écologie on ne ferait que du ski nordique et on raserait tous les TS).
Leffaceur- Nombre de messages : 5
Age : 51
Localisation : Savoie - Nomade
Date d'inscription : 27/11/2008
Re: [Tignes]L'avenir du glacier de Grande-Motte
Des rumeurs inquiétantes sur l'avenir du glacier semblent circuler... Pas sûr qu'il soit encore ouvert dans trois ans...
Re: [Tignes]L'avenir du glacier de Grande-Motte
... ... Si tu le dis comme ça, c'est que ta source est plutôt fiable.nrfb a écrit:Des rumeurs inquiétantes sur l'avenir du glacier semblent circuler... Pas sûr qu'il soit encore ouvert dans trois ans...
Ca me surprendrait quand même beaucoup. L'activité du glacier d'été participe grandement à la fréquentation de la station l'été, non?
Après, cela peut aussi provenir de problèmes de sécurité: je pense aux crevaces, séracs... un pisteur en a subit les conséquences dernièrement.
groom39- Nombre de messages : 4021
Age : 42
Localisation : Montréal (QC)
Date d'inscription : 19/07/2006
Re: [Tignes]L'avenir du glacier de Grande-Motte
Voici un état peu réjouissant du glacier de la Grande Motte. Les photos datent d'aujourd'hui, 25 juillet 2009. L'état est pire que l'an dernier, et on n'est pas encore en août!
Rosolin, définitivement fermé.
Un coup d'oeil vers le haut du glacier.
Encore le haut, seule partie qui reste ouverte maintenant (ça fait peu pour un prix identique). Les rochers et la glace affleurent de plus en plus.
En se dirigeant vers la Leisse.
L'aspect du sommet de la Grande Motte, un peu plus réjouissant.
Le haut de la piste descente: il faut du courage pour skier là dessus!
En direction de 3500, la piste glacier.
Sous le téléphérique.
Une dernière en direction de la Grande Casse.
Rosolin, définitivement fermé.
Un coup d'oeil vers le haut du glacier.
Encore le haut, seule partie qui reste ouverte maintenant (ça fait peu pour un prix identique). Les rochers et la glace affleurent de plus en plus.
En se dirigeant vers la Leisse.
L'aspect du sommet de la Grande Motte, un peu plus réjouissant.
Le haut de la piste descente: il faut du courage pour skier là dessus!
En direction de 3500, la piste glacier.
Sous le téléphérique.
Une dernière en direction de la Grande Casse.
Dernière édition par nrfb le Dim 4 Jan - 18:39, édité 1 fois
Re: [Tignes]L'avenir du glacier de Grande-Motte
nrfb a écrit:
Rosolin, définitivement fermé.
pfffiou... Hallucinant la vitesse à laquelle le bas du glacier fond depuis quelques années...
A ce rythme, dans 15 ans, on se promènera à pieds sur le plateau du Rossolin...
Page 1 sur 6 • 1, 2, 3, 4, 5, 6
Sujets similaires
» {Tignes} photos d'archive de la station
» [Tignes] TPH Grande Motte et TSD Vanoise
» [Tignes] Grande Motte: de la télécabine au funiculaire
» [Tignes]Grotte de glace sur Grande Motte
» [Tignes]Gros chantier sur TPH Grande Motte
» [Tignes] TPH Grande Motte et TSD Vanoise
» [Tignes] Grande Motte: de la télécabine au funiculaire
» [Tignes]Grotte de glace sur Grande Motte
» [Tignes]Gros chantier sur TPH Grande Motte
Tignes, Val d'Isère, La Rosière de Montvalezan, Sainte-Foy-Tarentaise :: Là-haut : domaines skiables, vie locale et histoire :: Vie locale
Page 1 sur 6
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum